Connect  |  Newsletter  |  Donate

COVID-19 : doit-on passer à une approche plus punitive?

Posted: October 11, 2020

(October 10, 2020)

By: Francis Beaudry, Radio Canada

La deuxième vague de la pandémie frappe Toronto, est-ce que l’approche centrée sur l’éducation des autorités sanitaires de la Ville Reine a porté fruit?

Depuis le début des restrictions mises en place par Toronto en mars, la politique éducative de la santé publique est reflétée dans sa distribution d’infractions et d’avertissements.

La Ville recense 49 951 interventions éducatives ou avertissements en ce qui a trait à des rassemblements illégaux dans les parcs et les lieux publics depuis le 24 mars.

Durant cette même période, 1517 contraventions et 522 avis de non-conformité ont été distribués pour ce type d’infraction, 15 amendes et 18 avis ont été distribués pour des rassemblements intérieurs illégaux.

La région de Peel, qui est un autre lieu important de propagation communautaire depuis le début de la pandémie, semble aussi avoir misé sur la sensibilisation. La Police régionale de Peel recense 89 contraventions distribuées si on exclut Mississauga et Brampton, les deux plus grandes villes de la région.

À Mississauga, les autorités rapportent avoir distribué 370 contraventions, en plus d’avoir mené plus de 25 000 inspections. Plus de 75 000 interactions avec les citoyens ont eu lieu pour non-respect des règles.

Brampton rapporte quant à elle 1495 avertissements verbaux et 810 contraventions imposées aux personnes qui n’ont pas respecté les directives de la santé publique.

Ces mesures de sensibilisation ne semblent pas porter fruit, alors que Toronto et Peel sont encore une fois à l’avant-plan des régions les plus touchées par la COVID-19.

La méthode douce importante au début d’une pandémie

L’approche de sensibilisation fait partie de l’arsenal de Toronto pour faire respecter ses règlements liés à la pandémie, selon la Ville.

Comme toujours, nous avons fait tout ce que nous pouvons pour faire respecter les règles par l’éducation, d’abord, et les conséquences ensuite. Il est important de se rendre compte que le public aura eu à adapter grandement ses comportements et qu’il faut lui laisser le temps de s’ajuster, explique la Ville de Toronto, dans une déclaration écrite.

Faire respecter un règlement municipal est un processus complexe qui demande des recherches, la récolte de faits et l’application de principes légaux parfois complexes, peut-on lire par la suite.

Cette approche plus douce était plus appropriée pour le début d’une pandémie, selon Tim Aubry, qui est chercheur en psychologie au Centre de recherche sur les services éducatifs de l’Université d’Ottawa.

Il fait écho aux propos de la Ville de Toronto, affirmant que ce sont de gros changements qui ont été demandés aux comportements de la population, et ce rapidement.

Les règles ont changé régulièrement, que ce soit pour les masques, le nombre de personnes permises à la maison, etc., alors c’était important de bien faire comprendre les règlements aux gens, explique-t-il.

Un constat qui est aussi partagé par Natalie Mehra, porte-parole de la Coalition ontarienne de la santé.

Elle affirme elle aussi qu’une certaine période d’adaptation était nécessaire pour permettre aux personnes d’intégrer les nouvelles consignes, affirmant que cette approche a fonctionné jusqu’à un certain point avec la réduction du nombre de cas observé pendant l’été.

Des mesures plus corsées demandées

Mme Mehra, qui travaille pour un organisme représentant notamment plusieurs épidémiologistes de la province, affirme que ceux-ci se posent plusieurs questions sur l’efficacité des mesures pour ralentir la progression du virus et l’approche adoptée pour les faire respecter.

Nous devons nous assurer que les gens se sentent obligés de respecter les mesures pour empêcher la propagation du virus, explique-t-elle.

Elle explique que les personnes de moins de 40 ans, qui sont celles qui sont les plus atteintes depuis le début du mois de septembre, sont celles qui vont transmettre le virus aux personnes les plus vulnérables.

Mme Mehra affirme que Toronto doit passer à l’action, non seulement en distribuant plus de contraventions, mais aussi en s’assurant que les citoyens récalcitrants paient les amendes.

En ce qui a trait aux entreprises, Mme Mehra affirme que Toronto doit être plus proactive et fermer les commerces qui sont aux prises avec des éclosions.

En réponse au nombre élevé de nouveaux cas, le gouvernement ontarien a annoncé vendredi de nouvelles restrictions à Toronto, Ottawa et dans la région de Peel.

La santé publique de Toronto réclamait de nouvelles mesures provinciales pour ralentir le virus, estimant que Toronto pourrait compter 20 000 cas actifs de COVID-19 d’ici l’hiver si rien n’est fait.

Click here for original article